Scrum dans le conseil en santé au travail

Eric Druliolle est co-fondateur de Umanize, entreprise de 4 personnes qui accompagne des organisations dans le domaine de la santé au travail, en aidant à mettre en place des bonnes pratiques, des processus, et en apportant du conseil. Après avoir accompagné personnellement Eric dans l'adoption de Scrum, j'ai le plaisir de recueillir le témoignage de son parcours avec l'Agilité.

Premier contacts avec l'Agilité

Quel a été ton premier contact avec l'Agilité ?

C'était il y a 5 ans. Je cherchais une manière de faire mon travail de consultant formateur différemment. Jusque là, je le faisais en mode "docteur", qui a les médicaments, les solutions, les produits, qui donne sa prescription et qui repart. Je fonctionnais ainsi depuis 10 ans et je trouvais que cela n'était pas optimal en termes d'adhésion et de résultats. Puis, par l'intermédiaire d'une personne de mon réseau, j'ai entendu parler de Scrum et de l'Agilité.

En quoi cela t'a-t-il parlé ?

J'ai trouvé dans l'approche Agile un écho à ma conviction que, lorsqu'on les sollicite, les personnes ont les solutions et les bonnes idées. Il suffit d'écouter ! Une grande part de l'amélioration recherchée émerge des individus, ainsi que de la réflexion en groupe, qui amène le complément. Cela correspondait à ce que je cherchais à faire, c'est-à-dire ne plus prétendre détenir "la" solution.

En somme, ce que tu nommes Agilité c'est quoi ?

C'est le fait de définir une solution sur un mode co-constructif, qui n'est pas forcément idéale ni définitive, mais que l'on implémente rapidement en se donnant la possibilité d’améliorer au fur et à mesure.

Combien de temps s'est-il écoulé avant que tu intègres l'Agilité dans ton travail ?

Très peu de temps. Je l'ai testée avec le premier client avec qui je suis intervenu en tant qu'indépendant. Je cherchais à construire mes prestations sur une approche novatrice. Nous sommes partis d'une page blanche et l'on a coécrit en mode "workshop". J'ai été interpelé de l'impact du résultat et de l'accueil des personnes. Mais je ne l'avais pas modélisé, je faisais de la co-construction sans la structure. Je mettais les gens dans une salle, avec un objectif et le mot d'ordre "Faisons ensemble !".

La notion d'expérimentation est donc au cœur de la démarche ?

Oui. L'idée, c'est : on conçoit, on expérimente, et on évalue, on fait évoluer et ainsi de suite. C'est de l'amélioration continue en mode co-constructif.
Ce qui était extrêmement nouveau pour moi et pour mes clients, c'était de constater que plus on implique les gens, plus on va avoir d'adhésion et de résultat.

Introduction de Scrum

Pourquoi en es-tu venu à passer la certification de Scrum Master ?

J'ai décidé d'aller plus loin dans la connaissance de la méthodologie et de me "professionnaliser". J'ai voulu devenir spécialiste et ne pas en rester à un niveau superficiel.
J'ai suivi deux jours de formation en ligne avec scrum.org puis j'ai passé le test.

Suite à l'obtention de ta certification, quels étaient les défis ?

De l'implémenter de manière stricte. Je me suis rendu compte que ce que je faisais était très éloigné du canevas Scrum. J'étais fidèle aux principes de travail itératif et d'amélioration continue, mais je n'implémentais pas les évènements, rôles et artéfacts de Scrum.

En quoi Scrum en soi a apporté de la valeur en tant que cadre de travail?

Cela a été déterminant. Comme premier pas vers le Daily Scrum, nous avons mis en place des Weeklies, et cela a tout changé. Aujourd'hui c'est en route, et personne ne songe à discuter cette pratique, tellement ça a permis de lever des problèmes, de trouver des solutions. C'est tellement évident que c'est utile que personne ne songe qu'avant on faisait autrement.
Le faire toutes les semaines (un truc qui paraissait très contraignant et chronophage) permet de gagner énormément de temps, car on adresse très vite les soucis, les questions, les problèmes. On met en place tout de suite une solution et puis on avance ! Sinon, il y a des choses qu'on n'aurait jamais vues, en tout cas pas aussi vite.

L'autre chose très importante a été la Sprint Review. C'était une pratique nouvelle, présentant un tel intérêt que maintenant c'est inscrit dans les processus standard. On sort de la Review avec des éléments supplémentaires à adresser, et avec le feedback du client. En termes de relation avec le client, cela accélère le processus.

En outre, la Rétrospective avec l'équipe a été un élément clé, car il y avait des soucis de collaboration à traiter. On vivait très bien sans cela, mais le fait de le faire, tout d'un coup ça change la vie ! Et aussi le client était content d'être inclus, en lui posant la question "qu'est-ce que vous pensez de la collaboration ?". On a fait état des problèmes, de ce qui n'allait pas, de comment l'améliorer.

C'est Scrum, de par sa structure, qui m'a amené à faire la Sprint Retro. Cela permet d'être devant les problèmes, au lieu de derrière, voire parfois même de les ignorer - c'est là qu'on vit dangereusement ! Les éléments amenés en rétro étaient des choses qu'on ne voyait pas. On marchait sur un terrain miné, il a fallu que les membres d'équipe s'expriment pour faire émerger les points d'amélioration. Les personnes étaient contentes qu'il y ait une séance pour faire cela. Le fait d'annoncer qu'on le ferait régulièrement a été très bien reçu.

Je n'avais encore jamais vu ce genre d'inspection et d'adaptation déclenché par une méthodologie. Se réunir parce qu'il y a un problème et en parler, oui, mais le faire proactivement à cadence régulière c'est l'apport de Scrum. Cela permet d'être en amont de la vague.

 Quelle était la valeur ajoutée pour toi à être accompagné par un Scrum Master expérimenté de chez Liip ?

Cela a été décisif. Entre la formation (par ailleurs excellente et exigeante) et l'environnement réel, il existe un tel "gap" que j'avais besoin de clarifier si j'allais dans le bon sens quand je faisais certains écarts. J'avais aussi besoin de recommandations pour faire mieux, de suggestions face à telle ou telle problématique, et d'outils (tant digitaux que les technologies "sociales" en termes d'animation).

Quand j'ai eu fini ma formation, j'étais tout seul dans la nature. A ce stade, le fait d'avoir du conseil personnalisé s'est révélé précieux. Il ne s'agissait pas juste de me rappeler la théorie, mais de parler de ce que l'on fait dans la vraie vie, de faire toujours ce lien entre les principes et la manière de les mettre en œuvre.

Me permettre de faire des ajustements tout en gardant le cap, c'est cela que j'ai trouvé précieux.

Alors, l'Agilité, c'est là pour rester chez Umanize ?

Bien sûr. Avec l’objectif d’intensifier l’utilisation de la méthode Scrum.